lundi 11 mai 2020

LE CASTELLO PROVENZALE


Cliquez pour agrandir

Le Castello – Provenzale



                    
   Récit amer d’une activité ratée 

Situation :
Italie- Piémont – Cunéo - Chiappera.

Le printemps est pourri, il est exclu de partir pour le 20 mai, WE de Pentecôte. Forcés, nous reportons le départ au 15 juin, certains d’une amélioration. 
Pour Jean-Louis et moi, il est impératif de respecter cette date pour des raisons familiales et professionnelles. 

Le 15 juin, les conditions climatiques sont toujours aussi lamentables, le mauvais temps sévit sur tous les massifs alpins. Il subsiste néanmoins une lueur d’espoir.

 L’Ubaye, le Queyras ou le Piemont. 

Ces régions méridionales sont situées de part et d’autre de la frontière franco-italienne, et sont parait -il particulièrement abrité, car lorsque la France est dominée par un régime de temps perturbé, ces régions offrent généralement de meilleures conditions météorologiques. 
C’est du moins ce que prétend Pascal Tanguy, dans son ouvrage « le IV sup ».
Il ne nous en fallait pas plus pour partir ; notre choix se porte sur l’Italie, synonyme de "O sole mio"

Départ samedi 15 juin, 6h du matin. Le temps est sec, cela s’annonce bien. Nous traversons la France, la Suisse brumes sur le Léman et les Dents du Midi mais toujours sec et ensoleillé. 
Nous passons le tunnel du Grand-St-Bernard et dégringolons vers la vallée d’Aoste, via Turin. 
Ici, la chaleur est accablante, le temps est lourd et toujours cette brume omniprésente.

Nous remontons la très sinueuse et pittoresque vallée de la Maira 



Qui nous conduit à notre destination, le village de Chiappera et le « Campo- Base » enclavé aux confins du Piémont à 1661 mètres d’altitude. 
Ouf !! Ce fut long 12h30 de route pratiquement non-stop, mais la vue qui s’offre à nos yeux fatigués en vaut la peine. Il est 18h30. 

Le Campo- Base



Nous plantons la tente et ingurgitons un repas bien mérité, le tout arrosé de pinard, 20h30, je crois que nous n’aurons pas besoin de somnifère pour nous endormir… « Tu entends, me souffle Jean-Louis, il commence à pleuvoir ». 
La pluie ne va pas cesser de tomber toute la nuit, accompagnée par la bourrasque.

Au petit matin c’est l’accalmie, le soleil fait son apparition, mais il y a beaucoup trop de nuages qui défilent à vitesses grand V, ce n’est pas de bonne augure. 

Le moral tient cependant bon, l’escalade n’est prévue que pour demain, de toutes façon, les parois doivent êtres pour le moins « humides ».

Nous décidons d’aller reconnaître nos futurs itinéraires et de faire plus ample connaissance avec ce superbe massif qu’est le Castello-Provenzale. A peine partis, la pluie remet ça nous rentrons dare-dare au refuge. 
Il était temps car maintenant c’est le déluge. Nous attendons que cela cesse devant une fiasque d’un demi-litre de vin blanc.

Nous passons le petit pont qui enjambe le torrent gonflé par les pluies puis, très vite, nous gravissons le sentier qui serpente le long de la face Est, imposante muraille de plus d’un kilomètre de long. 
Nous sommes observés en permanences par de sympathiques marmottes, lorsque nous approchons trop près, les sentinelles lancent un long et strident sifflement.

En Face c’est La Punta Figari, le temps menace. Ça y est c’est reparti. Cette fois excédé, je râle sec.
Nous trouvons refuge sous un immense monolithe. Soudain des cris et cette fois ci ce ne sont plus les marmottes
Effectivement, nous apercevons des grimpeurs mais, que foutent t’ils sur la paroi par un temps pareil ? Nous repérons plusieurs cordées, dont une complètement immobile.
Avec ce qui tombe en ce moment, je ne voudrais pas être à leur place. 
Les autres ont plus de chance et rejoignent le sol en rappels successifs.

Une heure plus tard, nous tâtons cette superbe quartzite rose et reconnaissons les départs des voies convoitées 

La Genovési et sa longue fissure verticale, le Spigolo Maria Grazia, La Balzola réputée comme l’une des plus belles voies du Castello, La Via Del Camino qui permet de rejoindre la Forcella Provenzale à 2290 m, point de départ de l’aérien Spigolo Sud-Est ou Gastiglioni.



Malheureusement, nous n’en sommes pas là ! La « drache » nous retombe dessus ; c’est par le versant Nord-ouest où il subsiste encore des névés, que nous rentrons au refuge la queue entre les jambes et complètement noyés.
A partir de ce moment, la pluie ne va plus cesser de tomber.

Le lendemain il y a de l’eau à l’intérieur de la tente, bordel mais par où s’est -elle infiltrée ?

Hormis Nino le gérant, son aide et une cordée italienne qui loge au refuge, nous sommes seuls au Campo-Base. Ils nous consolent amicalement mais Nino, guide alpin et excellent grimpeur, nous fait part de ses inquiétudes concernant la météo des prochains jours.

C’est frustré, la rage au ventre et les pieds dans l’eau, que nous plions bagages et rentrons au pays, environ 1050 km sous une pluie incessante.
Comme histoire d’eau, avouez, on ne fait pas mieux.

J’allais oublier, jeudi 20 juin, jour où j’écris ces lignes, il tombe des cordes.

Humidement vôtre, J-C

Malgré le fiasco, voici quand même quelques détails pratiques.

Description du massif



Le groupe du Castello - Provenzale est composé de quatre cimes principales. Du sud vers le nord on distingue :

          La Rocca-Provenzale

Cliquez pour agrandir




2402 m d’Alt : vue du Campo-Base, elle forme un splendide sommet aux allures de tour. C’est ici que l’on retrouve les plus longs itinéraires :
La Voie Normale: PD +/- 750 mètres de dénivellation pour un développement d'environ 4,2 km
Plus dur La Via dei Lamponi TDinf 400 mètres.




                   La Punta Figari

2345m d’Alt et sa face est, très verticale, aux voies sévères, dont la Giorno Felice 190m ED. 


                   La Torre Castello 

2448 m d’Alt, c’est la plus majestueuse du groupe. Sur une l’arête Sud-Est est tracé le renommé Spigolo Gastiglioni.



                      La Rocca Castello 

2452m d’Alt, la plus haute cime du massif ou l’on gravi par l’est la Balzola 235m D.
En résumé, 80 voies s’échelonnant de 100 à 600 mètres de hauteur, aux difficultés variant de F à ED, sans compter les combinaisons de voies.


 

                               La Cascade Stroppia

Depuis le Campo Base, vous pourrez aussi admirer une majestueuse cascade, la plus haute d’Italie, elle déverse ses eaux sur une hauteur de 500 mètres.

Vidéo:



Bibliographie :
UBS-Info n° 66 1991. J-C Vittoz.

Aucun commentaire: