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Le Castello – Provenzale
Récit amer d’une activité ratée
Situation :
Italie- Piémont – Cunéo - Chiappera.
Le printemps est pourri, il est exclu de
partir pour le 20 mai, WE de Pentecôte. Forcés, nous reportons le départ au 15
juin, certains d’une amélioration.
Pour Jean-Louis et moi, il est impératif de
respecter cette date pour des raisons familiales et professionnelles.
Le 15 juin, les conditions climatiques sont
toujours aussi lamentables, le mauvais temps sévit sur tous les massifs alpins.
Il subsiste néanmoins une lueur d’espoir.
L’Ubaye,
le Queyras ou le Piemont.
Ces régions méridionales sont situées de part
et d’autre de la frontière franco-italienne, et sont parait -il particulièrement
abrité, car lorsque la France est dominée par un régime de temps perturbé, ces
régions offrent généralement de meilleures conditions météorologiques.
C’est du
moins ce que prétend Pascal Tanguy, dans son ouvrage « le IV sup ».
Il ne nous en fallait pas plus pour partir ;
notre choix se porte sur l’Italie, synonyme de "O
sole mio"
Départ samedi 15 juin, 6h du matin. Le temps
est sec, cela s’annonce bien. Nous traversons la France, la Suisse brumes sur
le Léman et les Dents du Midi mais toujours sec et ensoleillé.
Nous passons le
tunnel du Grand-St-Bernard et dégringolons vers la vallée d’Aoste, via Turin. Ici, la chaleur est accablante, le temps est lourd et toujours cette brume
omniprésente.
Nous remontons la très sinueuse et
pittoresque vallée de la Maira
Qui nous conduit à notre destination, le village
de Chiappera et le « Campo- Base » enclavé aux confins du Piémont à 1661
mètres d’altitude. Ouf !! Ce fut long 12h30 de route pratiquement non-stop,
mais la vue qui s’offre à nos yeux fatigués en vaut la peine. Il est 18h30.
Le Campo- Base
Nous plantons la tente et ingurgitons un
repas bien mérité, le tout arrosé de pinard, 20h30, je crois que nous n’aurons
pas besoin de somnifère pour nous endormir… « Tu entends, me souffle
Jean-Louis, il commence à pleuvoir ». La pluie ne va pas cesser de tomber toute
la nuit, accompagnée par la bourrasque.
Au petit matin c’est l’accalmie, le soleil
fait son apparition, mais il y a beaucoup trop de nuages qui défilent à
vitesses grand V, ce n’est pas de bonne augure.
Le moral tient cependant bon,
l’escalade n’est prévue que pour demain, de toutes façon, les parois doivent
êtres pour le moins « humides ».
Nous décidons d’aller reconnaître nos futurs
itinéraires et de faire plus ample connaissance avec ce superbe massif qu’est le Castello-Provenzale. A peine partis, la
pluie remet ça nous rentrons dare-dare au refuge.
Il était temps car maintenant
c’est le déluge. Nous attendons que cela cesse devant une fiasque d’un
demi-litre de vin blanc.
Nous passons le petit pont qui enjambe le
torrent gonflé par les pluies puis, très vite, nous gravissons le sentier qui
serpente le long de la face Est, imposante muraille de plus d’un kilomètre de
long.
Nous sommes observés en permanences par de sympathiques marmottes, lorsque
nous approchons trop près, les sentinelles lancent un long et strident
sifflement.
En Face c’est La Punta Figari, le
temps menace. Ça y est c’est reparti. Cette fois excédé, je râle sec.
Nous trouvons refuge sous un immense
monolithe. Soudain des cris et cette fois ci ce ne sont plus les marmottes
Effectivement, nous apercevons des grimpeurs mais, que foutent t’ils sur la
paroi par un temps pareil ? Nous repérons plusieurs cordées, dont une complètement
immobile.
Avec ce qui tombe en ce moment, je ne voudrais pas être à leur place.
Les autres ont plus de chance et rejoignent le sol en rappels successifs.
Une heure plus tard, nous tâtons cette
superbe quartzite rose et reconnaissons les départs des voies convoitées
La Genovési et sa longue fissure verticale, le Spigolo Maria
Grazia, La Balzola réputée comme
l’une des plus belles voies du Castello, La Via Del Camino qui permet de rejoindre
la Forcella
Provenzale à 2290 m, point de départ de l’aérien Spigolo Sud-Est
ou Gastiglioni.
Malheureusement, nous n’en sommes pas là ! La
« drache » nous retombe dessus ; c’est par le versant Nord-ouest où il subsiste
encore des névés, que nous rentrons au refuge la queue entre les jambes et
complètement noyés.
A partir de ce moment, la pluie ne va plus
cesser de tomber.
Le lendemain il y a de l’eau à l’intérieur de
la tente, bordel mais par où s’est -elle infiltrée ?
Hormis Nino le gérant, son aide et une cordée
italienne qui loge au refuge, nous sommes seuls au Campo-Base. Ils nous
consolent amicalement mais Nino, guide alpin et excellent grimpeur, nous fait
part de ses inquiétudes concernant la météo des prochains jours.
C’est frustré, la rage au ventre et les pieds
dans l’eau, que nous plions bagages et rentrons au pays, environ 1050 km sous
une pluie incessante.
Comme histoire d’eau, avouez, on ne fait pas
mieux.
J’allais oublier, jeudi 20 juin, jour où
j’écris ces lignes, il tombe des cordes.
Humidement vôtre, J-C
Malgré le fiasco, voici quand même quelques
détails pratiques.
Description du massif
Le groupe du Castello - Provenzale est
composé de quatre cimes principales. Du sud vers le nord on distingue :
La Rocca-Provenzale
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2402 m d’Alt : vue du Campo-Base, elle forme
un splendide sommet aux allures de tour. C’est ici que l’on retrouve les plus
longs itinéraires :
La Voie Normale: PD +/- 750 mètres de dénivellation pour un développement d'environ 4,2 km
Plus dur La Via dei Lamponi TDinf 400 mètres.
La Punta Figari
2345m d’Alt et sa face est, très verticale,
aux voies sévères, dont la Giorno Felice 190m ED.
La Torre Castello
2448 m d’Alt, c’est la plus majestueuse du
groupe. Sur une l’arête Sud-Est est tracé le renommé Spigolo Gastiglioni.
La Rocca Castello
2452m d’Alt, la plus haute cime du massif ou
l’on gravi par l’est la Balzola 235m D.
En résumé, 80 voies s’échelonnant de 100 à
600 mètres de hauteur, aux difficultés variant de F à ED, sans compter les
combinaisons de voies.
La Cascade Stroppia
Depuis le Campo Base, vous pourrez aussi
admirer une majestueuse cascade, la plus haute d’Italie, elle déverse ses eaux
sur une hauteur de 500 mètres.
Vidéo:
Bibliographie :
UBS-Info n° 66 1991. J-C Vittoz.